Les expressions latines
Alea jacta est
« Le sort en est jeté. »
Suétone, historien latin, attribue ces paroles à l’empereur Jules César au moment où il se préparait à franchir le Rubicon. Dans un contexte de guerre des Gaules, cette rivière était le symbole de démarcation entre l’Italie et la Gaule Cisalpine, province sous l’autorité de Jules César. En traversant le Rubicon pour se rendre chez l’ennemi, il prenait alors le risque d’être considéré comme un traitre devant son peuple et maudit des dieux.
Alea jacta est prend ainsi tout son sens puisque le mot alea désigne un dé ou un jeu de dés à jeter, mêlant à la fois le sentiment hasardeux et le défi de l’empereur face à une telle prise d’initiative. De nos jours, cette expression latine peut encore s’employer pour qualifier une décision déterminante qui implique souvent de contourner les lois.
Carpe diem
« Cueille le jour. »
Cette expression épicurienne a été immortalisée grâce à un poème d’Horace et traduit par la phrase : « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ». La rose, fleur fragile rapidement fanée, est devenue une métaphore de la brièveté de l'existence humaine dans la poésie française du XVIème siècle. Ronsard écrit ainsi : « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. » dans les Sonnets pour Hélène.
Carpe diem sous-entend, plus simplement de nos jours, que chaque personne doit profiter de la vie sans se soucier du lendemain.
Cave canem
« Prends garde aux chiens. »
Cave canem est l’ancêtre des panneaux « chiens méchants » visibles à l’entrée de nos maisons. À l’époque, ces mots permettaient de dissuader tous visiteurs d’entrer dans les vestibules, chien ou non. Un avertissement qui a notamment été retrouvé à la suite de fouilles archéologiques effectuées dans la cité ensevelie de Pompéi.
Fluctuat Nec Mergitur
« Il est battu par les flots mais ne sombre pas. »
L’emblème de Paris, visible sur le blason de la ville depuis 1358, est un bateau. Il est le symbole de la puissante corporation des nautes de Lutèce, ancien nom gallo-romain de la capitale française. Fluctuat Nec Mergitur en est la devise officielle suite à un arrêté du baron Haussman en 1853.
Elle était alors inscrite sur les plaques des coiffes des gardes républicains et sur le casque de tradition des sapeurs-pompiers de Paris jusqu’en 1980. Le fait de « ne pas sombrer » fait aussi référence aux risques d’inondation face auxquels la ville de Paris a toujours résisté.
Cogito ergo sum
« Je pense, donc je suis. »
Un classique de nos cours de philosophie. Cogito ergo sum est une formule latine de René Descartes (1596-1650) dans son Discours de la méthode. Elle est la base de toute sa réflexion autour de la notion de connaissance. Le philosophe et mathématicien lui attribue un fondement sûr et unique car selon lui, la vie en tant que « chose qui pense » est certaine au départ.
Cette affirmation fut innovante et révolutionnaire, puisqu’elle était le fruit non pas d’un raisonnement mais bien d’une réflexion, mêlant la pensée et l’existence.
Vade retro, Satanas !
« Arrière, Satan ! »
Employée de nos jours pour repousser les mauvaises choses, cette formule était à la base prononcée par Jésus pour s’éloigner des propositions de Satan ainsi que de ses démons. Vade retro, Satanas ! désigne aujourd’hui une sorte d’expression bouclier utilisée pour contrer ce qui nous fait peur ou nous semble dangereux.
Veni, vidi, vici
« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. »
Cette expression latine a été prononcée par Jules César au sénateur Amintius, suite à une victoire face aux troupes de Pharnace II, en -47 avant JC. Rythmé, conçise et efficace, cette expression est devenue populaire au fil du temps. Elle se traduit par un succès ardent, une réussite accomplie en un laps de temps.
De nos jours, la locution Veni, vidi, vici est reprise dans certaines œuvres musicales, ou encore détournée et interprétée pour en changer le sens tout en gardant l’effet de l’énumération, symbole de rapidité et d’efficacité.
In vino veritas
« Dans le vin est la vérité. »
In vino veritas est une expression latine exprimée notamment par Pline l’Ancien. Ce proverbe s’inspire de l’adage grec oinos kai alêthéia qui signifie « le vin et la vérité vont de pair ». La philosophie de vie des Anciens était bien connue pour accorder de l’importance au culte de Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès.
Selon les dires, l’état d’ivresse procuré par le vin ferait de lui un véritable sérum de vérité. Les dérapages de langues deviendraient alors monnaie courante suite à sa consommation.